Les revendications aujourd’hui ne
visent directement aucune transformation de l’ensemble social qu’elles ne
prennent pas du tout en vue ni en considération. Elles sont pour ainsi dire
circulaires ou autoréférentielles. On réclame toujours que l’injustice subie
soit rectifiée, mais en vue de quoi, pour quelle transformation de la vie
commune, cela est laissé dans une complète indétermination. On postule que la
rectification de l’injustice se suffit à elle-même, comme si le groupe
considéré ne faisait pas partie d’un tout social avec lequel il interagit. On
procède comme s’il n’y avait pas de vie sociale et politique mais un état des
choses qu’un observateur détaché prendrait en vue pour vérifier simplement si l’égalité
est bien respectée. Mais quelle égalité quand on ignore la forme de la société
dans laquelle on est supposé parvenir à l’égalité ? Pierre Manent. Situation de la France. Desclée de Brouwer. P. 116.
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