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samedi 16 mai 2015

On mesure l'enlisement d'une pensée de gauche à son degré de rousseauisme. Plus elle colle à Rousseau, plus elle abandonne toute réflexion créative pour se jeter dans les bras stupides du discours sur la pureté et la "nature". Et les marqueurs du rousseauisme sont, soit l'approbation exclusive d'un projet culturel à des fins de propagande - comme l'a fait le PC jusqu'aux années soixante-dix -, soit l'absence totale de projet culturel, ce qui est le cas de presque toute la gauche aujourd'hui. Les Verts, de ce point de vue, sont une référence. Depuis plus d'une génération que le parti existe, on ne les a jamais entendus sur une question culturelle. Qu'en est-il du beau, du vrai ou du juste? Eh bien figurez-vous qu'on s'en fout. Mieux encore: on n'est pas très chaud pour que les citoyens perdent leur temps à lire des auteurs ou fréquenter des spectacles où il n'est nullement question des luttes qui justifient notre parti. Toute cette culture bourgeoise produite par la classe dominante ne peut qu'embrouiller les cerveaux et les détourner des vrais buts de l'existence: mener une vie simple, laborieuse, mais selon un mode productif et non polluant, en prenant bien garde de s'interdire toute croissance. En un mot, c'est l'économie du goulag, mais sans les barbelés. C'est donc une utopie. Philippe Val  Malaise dans l'inculture.  Grasset. p. 146.

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