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jeudi 14 mai 2015

Que devient l'autorité traditionnelle du père, celle de la mère, transplantée dans une société non coutumière, ouverte, laïque, et surtout, quel effet produit cette éducation sur les enfants, et quel rapport vont-ils entretenir avec leurs semblables qui sont élevés différemment? Entre la séquestration des filles, les mariages arrangés, parfois les mutilations, les tabous vestimentaires et alimentaires, et les contraintes religieuses, l'oppression communautaire précède celle qu’exerce l'Etat. Le problème, comme le montre utilement une autre sociologie, c'est le choc entre la culture interne et la communauté, laquelle est, de surcroît, modifiée par sa transplantation, et la culture du pays d'accueil.
Pourtant, nos lois ont réglé depuis longtemps ces problèmes en interdisant les pratiques abusives, cruelles qui produisent un double exil des enfants, lesquels ne sont plus, alors, ni les "enfants du pays" ni les "enfants d'ici". Et c'est tout à l'honneur de nos démocraties. Mais ces lois, comme celle qui interdit les signes religieux à l'école, sont de plus en plus difficiles à faire passer. la faute en revient aussi au sociologisme, qui en dépit du moindre bon sens,  défend les pratiques internes aux communautés contre les libertés instituées, en les assimilant à une culture menacée par le "système". Que cette culture soit à la fois l'expression d'une domination de la communauté sur les éléments les plus faibles et une remise en cause des principes fondateurs de la démocratie ne semble pas  gêner beaucoup le sociologue, ni l'aider à exprimer la moindre critique. Il y adhère, et tant pis pour les droits des enfants, pour la liberté de conscience et la liberté d'expression, tant pis pour l'accès au savoir, pour la liberté sexuelle, devenue soudain secondaire, tant pis pour le droit commun aux soins dans les hôpitaux.
Apparemment, tout cela n'est bon que pour  les petits Blancs néocolonialistes, et ne mérite que le mépris. mais nos sociologues, perdus dans l'objet de leur étude, ne se rendent pas compte que le vernis de leur discours correct recouvre le plus abominable des racismes.  Car ce qui est bon pour les uns - les régimes libéraux respectueux des droits des individus sans distinctions - ne serait pas bon pour les autres? personne ne remarque qu'en prétendant défendre les opprimés, ils défendent l'oppression? Philippe Val,  Malaise dans l'inculture,  Grasset p. 118.
En France, un petit épisode de l'été 2014, est illustratif. (arbitrage du bien et du mal)  Edouard Louis, l'auteur d'En finir avec Eddy Bellegueule, et Geoffroy de Lagasnerie lancent une pétition qui appellent au boycott des Rendez-vous de l'Histoire de Blois, au motif que le philosophe Marcel Gauchet doit y  prononcer la conférence inaugurale. Gauchet étant considéré réactionnaire par E. Louis et G. de Lagasnerie, ils ont jugé intolérable que le public risque d'être intoxiqué par ses propos. Comme si les gens qui fréquentent les Rendez-vous de l'Histoire de Blois étaient incapables de juger de la pertinence des propos de Marcel Gauchet. Certes  Gauchet a eu l'audace d'être critique sur les travaux de Bourdieu et de Foucault, ce qui est interdit en France. Certes Gauchet n'est pas marxiste, ce qui équivaut, chez nous, à une privation de passeport pour voyager dans le monde de la pensée. Certes Gauchet a des prises de position conservatrices, notamment sur la filiation. Certes, Gauchet n'est pas un avant-gardiste des nouveaux transports amoureux et sexuels, mais par ailleurs, son travail témoigne d'une observation honnête et minutieuse de la démocratie moderne. Si on ne partage pas ses analyses, on peut lui reconnaître la qualité de son travail et la modération de ses partis pris. Dans les limites de ma connaissance, il me semble que c'est un intellectuel plus qu'honorable, comme il en faut pour élever le débat dans une société en proie à la confusion. Il se situe confortablement dans le champ démocratique où il est nécessaire que les idées s'affrontent.
Et puis, je n'ai jamais entendu parler d'une pétition d'Edouard Louis ou de Geoffroy de Lagasnerie appelant au boycott des spectacles de Dieudonné lorsqu'il remplit des Zéniths pour des rendez-vous de l'histoire où il invite Faurisson.(Robert Faurisson, né le 25 janvier 1929, est un militant négationniste français. Enseignant en lettres à l'université) Et pourquoi? Parce que Dieudonné, même antisémite, même entretenant des relations avec des idéologues racistes, même s'affichant avec Le Pen, même révisant l'histoire devant des publics autrement plus nombreux que ceux des Rendez-vous de Blois, représente une clientèle sociologiquement correcte: les dominés.Philippe Val,  Malaise dans l'inculture,  Grasset p. 124
Compte tenu de la crise, le cœur de l'Education nationale n'est plus l'élève mais le cancre. C'est sur lui.qu'il faut régler nos pas, et soudain c'est  en priorité le système de notation qu'il faut réformer pour ne pas le "stigmatiser". Est-ce vraiment la priorité?  L'excellence est suspecte et la médiocrité valorisée par le sociologisme. Un des signes de notre effondrement culturel est qu'au fond, ce discours dominant qui s'autoproclame le défenseur des dominés, n'aime pas la jeunesse. Elle souffre du même racisme que les musulmans qu'il ne faut pas "stigmatiser" parce qu'ils "ne seraient pas assez évolués pour entrer dans uns discussion critique".Philippe Val,  Malaise dans l'inculture,  Grasset p. 127.

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