Dimanche 3 juin :
La ville était pavoisée de rouge et à ce signe on
reconnut qu’on était en Révolution. […] Il n’y avait pas de sang versé ;
pas une maison détruite ; le soleil brillait ; on vendait des fleurs
de papier rouge dans les rue et les tramways s’ornaient de banderoles
écarlates. Le peuple était joyeux, magnanime, plein d’espoir. D’ailleurs, on entonnait
La Marseillaise et le prince Lvov,
ministre président du gouvernement populaire provisoire formé le 2 mars,
faisait imprimer en français ses cartes de visite. Le 10 mars était abolie la
peine de mort – ce qui n’empêchait pas les exécutions sommaires. Et le 14, la
Russie lançait un fraternel « appel à la paix aux combattants du monde
entier ». Un 1789 universaliste et généreux se reproduisait donc en
Russie. C’était méconnaître la prédiction d’Engels : « Lorsque 1789
survient dans un tel pays, 1793 ne tarde pas à suivre ». Olivier Philiponnat & Patrick Lienhardt La
vie d’Irène Némirovsky. Grasset-Denoël. Le livre de poche. P. 94
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire