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mardi 13 mars 2018

Mardi 13 mars 2018
Nous ne pourrons jamais savoir. On ne sait plus qui parle. Les films de ce temps sont devenus nos souvenirs par un sortilège effarant. La guerre mondiale et son préambule sont emportés dans ce film infini où l’on ne distingue plus le vrai du faux. Et puisque le Reich a recruté plus de cinéaste de cinéma, de monteurs, de cameramen, de preneurs de son, de machinistes que tout autre protagoniste de ce drame, on peut dire que, jusqu’à l’entrée en guerre des Russes et des Américains, les images que nous avons de la guerre sont pour l’éternité mises en scène par Joseph Goebbels. L’Histoire se déroule sous nos yeux comme un film de Joseph Goebbels. C’est extraordinaire. Les actualités allemandes deviennent le modèle de la fiction. Ainsi l’Anschluss semble une réussite prodigieuse. Mais les acclamations furent évidements ajoutés aux images ; elles sont, comme on dit postsynchronisées. Et il se peut bien qu’aucune des ovations du Führer n’ait été celle que nous entendons. Eric Vuillard. L'Ordre du jour. p.128. Actes Sud. 

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