Jeudi 7 juillet 2016 :
« Le commandement « aime ton
prochain comme toi-même » est la plus forte défense contre l’agressivité.
Ce commandement est impossible à exécuter, une aussi gigantesque inflation de
l’amour peut seulement en rabaisser la valeur, elle ne saurait en éliminer la
dure nécessitée. La civilisation néglige tout cela, elle fait seulement
entendre que plus il est difficile de se conformer à la prescription, plus on
s’en acquiert de mérites. Seulement, dans la civilisation présente, qui
respecte une telle prescription ne fait que se défavoriser lui-même par rapport
à qui s’en moque. Quelle force doit avoir l’obstacle à la civilisation
constitué par l’agressivité, pour que lutter contre puisse rendre tout aussi
malheureux que l’agressivité elle-même. L’éthique prétendue naturelle n’a là
rien à offrir, si ce n’est la satisfaction narcissique de pouvoir s’estimer
meilleur que les autres. L’éthique qui s’appuie sur la religion fait intervenir
là ses promesses d’un au-delà meilleur. Il me semble que tant que la vertu ne
sera pas récompensée déjà sur terre, l’éthique prêchera en pure perte. Il me
parait, comme à d’autres, hors de doute qu’un changement réel dans les
relations des hommes à la propriété apportera là plus d’amélioration que tout
commandement éthique ; mais cette vue des choses, chez les socialistes,
est troublée par une nouvelle méconnaissance idéaliste de la nature humaine, et
dévalorisée pour sa mise en œuvre » Malaise dans la civilisation Sigmund Freud
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