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dimanche 31 juillet 2016

Dimanche 31 juillet.
Nous, Français, après bien des heurts et des fluctuations, avons adopté le régime républicain. Si nos voisins préfèrent conserver une monarchie, ne les critiquons pas et rappelons-nous que longtemps nous avons eu un roi à notre tête. Rien en ce monde ne saurait atteindre l’absolue perfection. Où est le blé sans criblure, et partout ne voit-on pas les poules gratter en arrière ? Je n’adhère pas plus en bloc à tous les actes posés par nos trois républiques, que je n’applaudis aveuglément à tous les faits et gestes des rois et des empereurs. Partout il y a une part de bien, mais ce bien ne saurait exister sans quelque mal. Il en est de tout ainsi. Ne sisons-nous pas volontiers en Auvergne : « Tant vaut le fermier, tant vaut la ferme ». Il n’est certes pas toujours aisé de conduire la charrue, de se diriger au milieu de difficultés qui chaque jour, surgissent plus nombreuses. Fréquemment il arrive que l’on se trompe, que l’on fasse erreur. Je crois fermement que chaque chef d’état, roi, empereur ou président de république a fait d’excellentes choses, et plus ou moins également, tous les régimes gouvernementaux ont laissé des fautes après eux, qu’ils auraient dû éviter. Telles sont mes idées. Avec de pareilles convictions, je ne saurais admettre qu’on ne puisse entretenir des relations avec les personnalités de partis opposés, de nuances diverses. Certains de mes amis sont presque aussi rouges que nos taureaux de Salers, d’autres tout aussi exaltés dans la faction opposée. Je suis cependant en bons termes avec tous ? Néanmoins, je confesse que, d’instinct, la modération de pensée de certains m’inspire plus de confiance, et l’échange des idées avec eux m’est plus agréable.
La Salle de Rochemaure. (Félix de), « Deux princes en Carladez », Récits carladéziens

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