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mardi 25 mars 2014

Dans Le Sicilien ou l'Amour peintre, Molière fait dire à une jeune Grecque: "L'on doit demeurer d'accord que les Français ont quelque chose en eux de poli, de galant que n'ont point les autres nations." Et David Hume, au siècle suivant, proclame la France "pays des femmes"
Même constat chez Rifa'a al-Tahtâwî, l'un des quarante-quatre membres de la première mission scolaire dépêchée en France par le pacha d'Egypte pour un séjour de cinq ans, entre 1826 et 1831. A Paris, il découvre, stupéfait, une étrange civilisation où tout marche à l'envers puisque les hommes "se mettent sous le commandement des femmes, qu'elles soient jolies ou non". La précision est capitale: la galanterie ne suit pas la nature, elle y contrevient en choisissant d'inclure même les laides, même les disgracieuses dans l'hommage au "beau sexe". Tahtâwî, habitué à considérer les femmes comme un "mobilier", se demande, en quelque sorte, comment on être français quand il s'aventure dans "les endroits de la danse qu'on appelle bals". Interloqué par le spectacle qu'il a sous ses yeux, il s'attache à en décrire minutieusement la chorégraphie extravagante: "Le bal réunit toujours les hommes et les femmes dans un lieu brillamment illuminé, muni de sièges, destinés le plus souvent aux femmes. L'homme ne s'assied que quand toutes les femmes ont trouvé place. Si une femme entre alors qu'aucun siège n'est vacant, un homme se lève et lui cède le sien, et ce n'est pas à une femme de se lever ainsi. En société, la femme est toujours traitée avec plus d'égards que l'homme. Aussi, lorsqu'on entre dans la maison d'un ami, doit-on saluer la maîtresse de maison avant le maître. Celui-ci, quelque grand que soit son rang, passe après son épouse ou les femmes de la maison".

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