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samedi 29 juin 2013


« Tous les censeurs savent cela : la vérité n'est pas pure. Elle est stratifiée, mélangée, contradictoire, pleine d'enclaves et d'enclaves dans les enclaves ; et ces enclaves au sein de la vérité sont des faussetés, des à-peu-près, des exceptions, des contrevérités comme on dit des contre-courants, des vérités de second rayon, qui contredisent la vérité mais n'en sont pas moins vraies et n'en font pas moins partie de son empire. Que dans la transmission des messages on interdise la perte et la déperdition, les malentendus, les approximations abusives du sens par chacune des parties, il n'y aura plus de messages. » Renaud Camus « La grande déculturation » Fayard.2008 p.20
« Les premiers promoteurs, les initiateurs, comme on dirait aujourd'hui, du grand mouvement de démocratisation de la culture n'avaient pour leur part pas le moindre doute. Il est d'ailleurs une certaine façon de poser l'équation ou le syllogisme auxquels ils s'affrontaient, qui, si l'on accepte de se soumettre à leur rigueur, eût pu leur donner d'emblée la totalité de la réponse qu'ils ne cherchaient pas, et leur apprendre ce qu'il allait se produire et ce qui, selon moi, s'est bel et bien produit :
a) la culture est un privilège de classe ;
b) il faut abolir ce privilège ;
c) ce que faisant on abolit la culture (puisqu'elle est ce privilège).Renaud Camus « La grande déculturation » Fayard.2008 p.29.
« Pour tourner les choses brutalement, mais elles sont brutales, et pour s'esprimer bien sûr de manière inexacte, mais moins inexacte qu'exacte, éduquer c'est éduquer aux manières, aux rites aux façons de parler (qui risquent fort d'être des façons de penser et même de ressentir), de la classe éduquée, autrement dit, horresco referens, de la classe « supérieure » . Aucune difficulté (théoriquement, mais nous verront qu'en fait il y en a tout de même quelques-unes, et même sérieuses), quand le sujet à éduquer est lui-même issu de la classe éduquée. Grave problème, en revanche, lorsque ce n'est pas le cas. Ou, pour désigner d'autre façon la pierre d'achoppement, et en l'occurence dans le sabir pseudo-sociologique, par définition plus convenable (il est fait pour ça) : éduquer les rejetons de ce qu'il est convenu d'appeler « les milieux culturellement défavorises », ou tenter de le faire, c'est les faire passer, sinon dans « les milieux culturellement favorisés », du moins, pour commencer, dans les milieux culturellement non défavorisés : bref, les changer de milieu – c'est-à-dire leur enseigner des règles, des codes, des principes, des goûts, des valeurs, un langage et des curiosités étrangers à ce qu'implique leur origine. Renaud Camus « La grande déculturation » Fayard.2008 p.59.
« Mettre au centre », comme ils disent, non pas tant l'enfant, l'élève, «l'apprenant, mais de préférence, et emblématiquement, l'enfant « défavorisé », « issu des milieux défavorisés », s'assurer que l'enfant favorisé, lui, n'a aucun avantage sur le précédent (alors que son avantage  c'est l'héritage culturel) et reçoit exactement la même éducation que lui, limitée par ses limites à lui, c'est garantir absolument, que le niveau général et moyen ne « montera » pas (il est bien question de cela!), mais qu'à chaque génération il baissera davantage – et c'est en effet ce qu'il se passe ». Renaud Camus « La grande déculturation » Fayard.2008 p.67.

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