Translate

samedi 20 juillet 2024

 Les foules n'ont jamais eu soif de vérité. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant défier l'erreur, si l'erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître: qui tente de les désillusionner est toujours leur victime.

Gustave Le Bon (Psychologue des foules)

dimanche 12 mai 2024

 

Je ne raconte pas la visite de la police chez moi et leur suggestion d’utiliser dorénavant des pseudos pour réserver un taxi ou une table au restaurant. Je repense à la célèbre histoire juive, celle où Monsieur Katzman veut à tout prix changer de nom pour protéger sa famille, et faire moins juif. Il se rend donc à l’état civil, pour franciser son patronyme. L’employé lui propose tout naturellement de traduire « Katz » par « chat » et « man » par « l’homme ». Monsieur Katzman est très rassuré de s’appeler dorénavant Monsieur Chalom.

Delphine Horvilleur Comment ça va pas?  Grasset p. 35

lundi 5 février 2024

 "Les amoureux fervents et les savants austères

  Aiment également, dans leur mûres saison

  Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,

  Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires"

                                                 Charles Baudelaire

 

mardi 8 mars 2022

 

En 1974, Oswald Baudot (substitut du procureur de la république à Marseille, fondateur du Syndicat de la magistrature s’adresse à de jeunes magistrats en ces termes :


« Vous voilà installés et chapitrés. Permettez-moi de vous haranguer à mon tour, afin de corriger quelques-unes des choses qui vous ont été dites et de vous en faire en tendre d’inédites.

En entrant dans la magistrature, vous êtes devenus des fonctionnaires d’un rang modeste. Gardez-vous de vous griser des honneurs, feint ou réel, qu’on vous témoigne. Ne vous haussez pas le col. Ne vous gargarisez pas des mots « troisième pouvoir », de « peuple français », de « gardien des libertés publiques », etc. On vous a doté d’un pouvoir médiocre : celui de mettre en prison. On ne vous le donne que par qu’il est généralement inoffensif. Quand vous infligerez cinq ans de prison au voleur de bicyclette, vous ne dérangerez personne. Évitez d’abuser de ce pouvoir.

Ne croyez pas que vous serez d’autant plus considérables que vous serez terribles. Ne croyez pas que vous allez, nouveaux saints Georges, vaincre l’hydre de la délinquance par une répression impitoyable. Si la répression était efficace, il y a longtemps qu’elle aurait réussi. Si elle est inule, comme je crois, n’entreprenez pas de faire carrière en vous payant la tête des autres. Ne comptez pas sur la prison par années ni par mois, mais par minutes et par secondes, tout comme si vous deviez la subir vous-mêmes

Il est vrai que vous entrez dans une profession où l’on vous demandera souvent d’avoir du caractère mais où l’on entend seulement par là que vous soyez impitoyables aux misérables. Lâches envers leurs supérieurs, intransigeants envers leurs inférieurs, telle est l’ordinaire conduite des hommes. Tâchez d’éviter cet écueil. On rend la justice impunément : n’en abusez pas.

Dans vos fonctions, ne faites pas un cas exagéré de la loi et méprisez généralement les coutumes, les circulaires, les décrets et la jurisprudence. Il vous appartient d’être plus sages que la Cour de cassation, si l’occasion s’en présente. La justice n’est pas une vérité arrêtée en 1810. C’est une création perpétuelle. Elle sera ce que vous la ferez. N’attendez pas le feu vert du ministre ou du législateur ou des réformes, toujours envisagées. Réformez vous-mêmes. Consultez le bon sens, l’équité ; l’amour du prochain plutôt que l’autorité ou la tradition.

La loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise. Sans y changer un iota, on peut, avec les plus solides « attendus »du monde, donner raison à l’un ou à l’autre, acquitter ou condamner au maximum de la peine. Par conséquent, que la loi ne vous serve pas d’alibi.

D’ailleurs, vous constaterez qu’au rebours des principes qu’elle affiche, la justice applique extensivement les lois répressives et restrictivement les lois libérales. Agissez tout au contraire. Respectez la règle du jeu lorsqu’elle vous bride. Soyez beaux joueurs, soyez généreux : ce sera une nouveauté !

Ne vous contentez pas de faire votre métier. Vous verrez vite que pour être un peu utile, vous devez sortir des sentiers battus. Tout ce que vous ferez de bien, vous le ferez en plus. Qu’on le veuille ou non, vous avez un rôle social à jouer. Vous êtes des assistantes sociales. Vous ne décidez pas que sur le papier. Vous tranchez dans le vif. Ne fermez pas vos cœurs à la souffrance ni vos oreilles aux cris.

Ne soyez pas de ces juges soliveaux qui attendent que viennent à eux les petits procès. Ne soyez pas les arbitres indifférents au-dessus de la mêlée. Que votre porte soit ouverte à tous. Il y a des tâches plus utiles que de chasser ce papillon, la vérité, ou que de cultiver cette orchidée, la science juridique.

Ne soyez pas victime de vos préjugés de classe, religieux, politique ou moraux. Ne croyez pas que la société soit in tangible, l’inégalité et l’injustice inévitables, la raison et la volonté humaine incapables d’y rien changer.

Ne croyez pas qu’un homme soit coupable d’être ce qu’il est ni qu’il dépende que de lui d’être autrement. Autrement dit, ne le jugez pas. Ne condamnez pas l’alcoolique. L’alcoolisme, que la médecine ne sait pas guérir, n’est pas une excuse légale mais c’est une circonstance atténuante. Parce que vous êtes instruits, ne méprisez pas l’illettré. Ne jetez pas la pierre à la paresse, vous qui ne travaillez pas de vos mains. Soyez indulgents au reste des hommes. N’ajoutez pas à leurs souffrances. Ne soyez pas de ceux qui augmentent la somme des souffrances.

Soyez partiaux. Pour maintenir la balance entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, qui ne pèsent pas d’un même poids, il faut que vous la fassiez un peu pencher d’un côté. C’est la tradition capétienne. Examinez, toujours où sont le fort et le faible, qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice.

Ayez un dernier mérite : pardonnez ce sermon sur la montagne à votre collègue dévoué.


Voir aussi sur Wikipédia : « le mur des cons »

vendredi 25 juin 2021

 

En 1870, un industriel Calaisien, remarque que le stock de pains destiné aux marins est en train de pourrir sur les quais.

La légende veut que l’idée de créer une usine lui soit venue à ce moment-là.

Il faut, en mer comme lors des longues campagnes militaires, un pain qui tienne longtemps. On le cuit donc deux fois d’où son nom : bis-cuit.

Cet industriel, Jacques-Philippe Vendroux est le père d’Yvonne future femme de Charles De Gaulle.

Le grand-père de Jacques Vendroux, le journaliste sportif, était le frère d’Yvonne De Gaulle.

D’après « Yvonne De Gaulle » de Frédérique Neau-Dufour. Fayard. P.30.

samedi 29 mai 2021

 « Le plancher en grumes équarries et juxtaposées avec précision était couvert de lumineuses couvertures indiennes et de peaux tannées d’ours et de pumas. Jaune et noire sur la chaux blanche, une grande peau de jaguar parait un des murs épais. Un étendard de soie terni par les intempéries lui faisait face. Il était brodé de l’aigle et du serpent mexicains et portait les mots « compañia militar de Bavinuchi – Equidad en la Justicia ». Derrière lui était suspendu tout un arsenal de mousquets, fusils, revolvers, sabres et coutelas et leurs divers accessoires. A l’autre bout de la pièce, dans une niche pratiquée sous une solive sculptée, deux chandelles brûlaient devant une icône en bois orné d’or représentant la Vierge de Guadalupe. » The Wonderful Country. Tom Lea. 1952. Actes Sud. P 260.

vendredi 19 mars 2021

 

Si le coronavirus était une personne, elle serait :

- Un anticapitaliste : les bourses du monde entier se sont effondrées. Les usines fermes. Le chômage s’étend.

- Un écologiste : plus d’avions, plus de bateaux, plus de voitures. L’air des villes chinoises est redevenu transparent et sain.

- Un misanthrope : il est contre les groupes, les rassemblements, les familles.

- Un janséniste : on ne se touche pas, on ne s’embrasse pas.

- Un tueur de vieux. 90% des morts ont plus de 65 ans. Pour les plus de 80 ans, les statistiques doivent être effrayantes. C’est pourquoi on ne les donne pas.

D’après mais la vie continue de Bernard Pivot. Albin Michel. P.203.