Arrêtez-vous un instant sur le sort de
Denis Baupin : à peine accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes,
dont les dires ont été largement reproduits dans la presse, ce député EELV
(Europe Ecologie Les Verts) a été contraint de démissionner de la
vice-présidence de l’Assemblée Nationale. A l’heure où je termine ce livre, il
n’est pas même mis en examen. Et le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, mis en
cause pour avoir prétendument manqué sévérité il y a des années de cela à l’égard
de prêtres pédophiles de son diocèse ? Des voix se sont élevées, y compris
dans la classe politique, pour qu’il renonce à sa charge. Et l’animateur
Jean-Marc Morandini, dont la mise en examen a servi de prétexte à une grève de
la rédaction d’iTélé ? je ne suis ni écolo, ni catholique pratiquant, ni
amateur de télévision trash, j’ai défendu d’authentiques victimes d’agressions
sexuelles tout comme j’ai défendu des hommes et des femmes justement ou
injustement accusés de ces déviances, mais pour moi, Baupin, Barbarin et
Morandini sont innocents tant qu’on n’a pas prouvé le contraire, et leur mise
au pilori me répugne. Éric Dupont-Moretti
et Stéphane Durand-Souffland. Direct du Droit. Michel Laffon. P. 18.
Je ne vais pas faire semblant de chanter
les louanges de la magistrature : je me méfie de son corporatisme, de sa
frilosité, de la détestation qu’elle voue au barreau. Pourtant, il existe de
grands juges ; c’est le troupeau qui est petit. Mon jugement sur la
magistrature n’a rien de révolutionnaire. Il est même singulièrement modéré par
rapport à ce que certains de mes glorieux prédécesseurs pensaient des
magistrats de leur époque. Prenez Maurice Garçon (1889-1967), l’un des plus
célèbres plaideurs du XXe siècle, membre de l’Académie française et, cependant,
esprit farceur, voire farfelu à ses heures. Lisez ces extraits de son Journal (Maurice Garçon. Journal, 1939-1945. Les Belles Lettres/Fayard.
« Les politiciens sont abjects. Leurs intérêts électoraux ou d’argent leur
font faire des ignominies. Pour les magistrats, c’est autre chose. La décoration
ou l’avancement en font des valets. Ils sont lâches, trembleurs et pusillanimes.
Ils ont peur de leur ombre dès que se manifeste une intervention un peu
puissante. Toutes les palinodies leur sont bonnes lorsqu’il s’agit de flatter
le pouvoir. Leur prétendue indépendance dont ils parlent est une plaisanterie.
Plus ils gravissent les échelons des honneurs, plus ils sont serviles. {…] Ils
sont d’ailleurs ingrats. Si le gouvernement change, ils se mettront au service
de celui qui tient présentement le pouvoir et jetteront impitoyablement en
prison ceux dont quinze jours avant ils léchaient encore les bottes et auxquels
ils doivent ce qu’ils sont. Éric Dupont-Moretti et Stéphane Durand-Souffland. Direct
du Droit. Michel Laffon. P. 26.
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