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dimanche 5 mars 2017

Arrêtez-vous un instant sur le sort de Denis Baupin : à peine accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, dont les dires ont été largement reproduits dans la presse, ce député EELV (Europe Ecologie Les Verts) a été contraint de démissionner de la vice-présidence de l’Assemblée Nationale. A l’heure où je termine ce livre, il n’est pas même mis en examen. Et le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, mis en cause pour avoir prétendument manqué sévérité il y a des années de cela à l’égard de prêtres pédophiles de son diocèse ? Des voix se sont élevées, y compris dans la classe politique, pour qu’il renonce à sa charge. Et l’animateur Jean-Marc Morandini, dont la mise en examen a servi de prétexte à une grève de la rédaction d’iTélé ? je ne suis ni écolo, ni catholique pratiquant, ni amateur de télévision trash, j’ai défendu d’authentiques victimes d’agressions sexuelles tout comme j’ai défendu des hommes et des femmes justement ou injustement accusés de ces déviances, mais pour moi, Baupin, Barbarin et Morandini sont innocents tant qu’on n’a pas prouvé le contraire, et leur mise au pilori me répugne. Éric Dupont-Moretti et Stéphane Durand-Souffland.  Direct du Droit. Michel Laffon. P. 18.

Je ne vais pas faire semblant de chanter les louanges de la magistrature : je me méfie de son corporatisme, de sa frilosité, de la détestation qu’elle voue au barreau. Pourtant, il existe de grands juges ; c’est le troupeau qui est petit. Mon jugement sur la magistrature n’a rien de révolutionnaire. Il est même singulièrement modéré par rapport à ce que certains de mes glorieux prédécesseurs pensaient des magistrats de leur époque. Prenez Maurice Garçon (1889-1967), l’un des plus célèbres plaideurs du XXe siècle, membre de l’Académie française et, cependant, esprit farceur, voire farfelu à ses heures. Lisez ces extraits de son Journal (Maurice Garçon. Journal, 1939-1945. Les Belles Lettres/Fayard. « Les politiciens sont abjects. Leurs intérêts électoraux ou d’argent leur font faire des ignominies. Pour les magistrats, c’est autre chose. La décoration ou l’avancement en font des valets. Ils sont lâches, trembleurs et pusillanimes. Ils ont peur de leur ombre dès que se manifeste une intervention un peu puissante. Toutes les palinodies leur sont bonnes lorsqu’il s’agit de flatter le pouvoir. Leur prétendue indépendance dont ils parlent est une plaisanterie. Plus ils gravissent les échelons des honneurs, plus ils sont serviles. {…] Ils sont d’ailleurs ingrats. Si le gouvernement change, ils se mettront au service de celui qui tient présentement le pouvoir et jetteront impitoyablement en prison ceux dont quinze jours avant ils léchaient encore les bottes et auxquels ils doivent ce qu’ils sont.  Éric Dupont-Moretti et Stéphane Durand-Souffland.  Direct du Droit. Michel Laffon. P. 26.

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